Fiche méthode 4ème : Commenter un document patrimonial (le Cahier de doléances du Tiers Etat d’Orchies, 1789)

Dans le cadre du programme d’Histoire en 4ème : "La Révolution française et l’Empire"
lundi 18 novembre 2024
par  M.BAERT
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En mai 1789, Louis XVI réunit à Versailles les Etats Généraux. C’est une assemblée des représentants des 3 Ordres de la nation : clergé, noblesse, tiers état. Il s’agit de trouver une solution aux problèmes financiers du royaume. A cette occasion, dans tous les villages et villes, les Français rédigent des cahiers de doléances (cf. : en logo, reproduction de la première page de celui du Tiers Etat de Douai). Ils y expriment leurs souhaits et leurs espoirs... Ces cahiers, dont environ 40.000 ont été conservés, nous renseignent sur l’état de la France en 1789.

Voici, ci dessous, la correction d’un exercice proposé il y a quelques années à des élèves de 4ème (voir le questionnaire dans l’article précèdent : "26 mars 1789 - Le cahier de doléances du Tiers Etat d’Orchies").

On peut travailler en 3 étapes : JPEG - 255.7 ko

I - Lire le document un première fois dans son ensemble et en profiter pour chercher les mots difficiles dans le dictionnaire (www.larousse.fr) :

- des doléances  : "Plaintes et voeux adressés au roi et consignés par les 3 ordres dans des cahiers rédigés à l’occasion de la réunion des Etats Généraux."

- une remontrance : "Observations présentées au roi par les cours souveraines, et en particulier par le parlement, à l’occasion de l’enregistrement de l’un de ses actes administratifs."

- un bailliage  : "Au Moyen-Age et sous l’Ancien Régime, circonscription administrative et judiciaire de la France, placée sous l’autorité du bailli." JPEG - 117.3 ko

- un octroi : "Taxe qui était perçue à l’entrée d’une ville sur certaines denrées."

- une ordonnance  : "Acte pris par le gouvernement, avec l’autorisation du Parlement, dans des domaines qui relèvent normalement de la loi."

- un concile  : "Assemblée d’évêques et de théologiens qui, en accord avec le pape, décide de questions de doctrine et de discipline ecclésiastique."

- un bénéfice : "Terre concédée par un seigneur à son vassal après la prestation de l’hommage et en échange de certains de ses devoirs." JPEG - 91 ko

- une aune : "Ancienne mesure de longueur française, utilisée surtout pour mesurer les étoffes, et qui valait selon les régions, de 0,676 m à 1,118 m."

- la dîme  : "Fraction variable, en principe dixième partie, des produits de la terre et de l’élevage versée à l’Eglise, abolie en 1789."

- une douane (intérieure) : "Administration chargée de percevoir les taxes imposées sur les marchandises..." (qui circulent à l’intérieur du royaume).

II - Relire et souligner en feutres de couleurs différentes les informations demandées par le questionnaire :

Voici ci-dessous une proposition de correction :

III - Rédiger des phrases explicatives sur copie en citant des passages du texte entre guillemets (sans tomber dans la paraphrase) :

1) Ce texte date du 26 mars 1789. Les Français sont alors appelés par le roi à rédiger des cahiers de doléances dans les villes et villages en vue de réformer le royaume. Le contexte de l’époque est celui d’une France en crise, contestataire et revendicatrice face aux privilèges du clergé et de la noblesse notamment.

2) Le but de ce cahier et de lister les "articles des plaintes" du Tiers-Etat de la ville d’Orchies. C’est l’occasion pour les habitants de se plaindre au roi et pour nous, au XXI ème siècle, de dresser l’inventaire de leurs revendications.

3) Ce cahier de doléances a être ajouté aux autres, en vue d’une synthèse rédigée dans le cadre du "bailliage et gouvernance de Douai", "pour être présenté en l’Assemblée des Etats Généraux". C’est à Douai également, que seront élus nos 2 députés (dont Merlin de Douai) pour représenter le Tiers Etat, avec les autres élus, à Versailles.

4) Les titres employés pour s’adresser au roi sont : "Sa Majesté", "le meilleur des rois". Soulignons qu’à aucun endroit, on ne le nomme ouvertement : Louis XVI.

5) La déférence est de mise et les formules sont respectueuses : "Pour satisfaire aux ordres..." car c’est une monarchie absolue, "pénétré de respect et de vénération..." car elle est de droit divin. Est-ce la révolution ? On ne parle pas encore de citoyen ni de souveraineté populaire mais plutôt, on en rajoute : "... animé du zèle qu’inspire ses bontés paternelles envers ses sujets". Les Orchésiens, comme les autres Français, semblent respecter leur roi et ne pas remettre en cause la monarchie.

6) Le "corps municipal" désigne, comme on s’en doute, les "échevins" qui, depuis le Moyen-Age, dirigent la ville. Il est à l’époque, "toujours composé des mêmes familles, parents et amis", car il n’y a pas d’élections populaires au suffrage universel à l’époque. Selon l’historien Philippe Marchand (’Florilège des cahiers de doléances du Nord’, Lille III, 1989) , ce cahier de doléances est assez audacieux car il réclame le choix des représentants de la commune par ses habitants.

7) On lui reproche son intéressement à la charge : "non pour opérer le bien à l’avantage du peuple par une administration saine et sans reproche." Car, "... on a grand soin d’en écarter des hommes distingués par leur conduite..." L’administration est qualifiée d’ "arbitraire", le pouvoir des magistrats est considéré comme "abusif" car on y pratique la cooptation. La corruption est également dénoncée comme "l’octroi que les municipaux ont obtenu pour la construction d’un bout de pavé sur Marchiennes..."

8) "Le Tiers Etat d’Orchies demande en outre" : la fin du logement gratuit des officiers dans les auberges, l’utilisation des gains religieux pour l’éducation des pauvres, la résidence des religieux dans les territoires dont ils ont la charge, l’unification des poids et mesures dans tout le royaume, l’abaissement (et non la suppression !) de la dîme, la suppression des péages intérieurs, ...
On constate, à côté des doléances concernant l’intérêt général (ex. : "l’insuffisance du transport des voyageurs"), des plaintes concernant des affaires locales comme "l’accaparement d’un pâture par les Soeurs grises (= surnom des Franciscaines)" ou de rang social ("le gibier des seigneurs").

9) "Le cahier fut signé par 19 Orchésiens"... dont certains élèves ont reconnu peut-être leurs noms de famille, ceux de leurs ancêtres. On peut s’étonner d’un si petit nombre de signataires. Pourquoi ? C’étaient les chefs de famille (dits "de feu" = foyer, base d’imposition) qui signaient, la plupart du temps le cahier. Encore fallait-il savoir écrire, ou simplement signer son nom. Il doit donc s’agir d’Orchésiens plutôt aisés, sinon instruits. D’ailleurs, certains n’ont pas indiqué leurs prénoms.

10) L’étude de ce document patrimonial est très intéressante. Tout d’abord, comme tous les cahiers de doléances du Tiers-Etat en France, il permet d’appréhender le "climat" de l’époque (état d’esprit des habitants, revendications sociales, poids des coutumes, ...). Ensuite, il nous permet de cerner les exigences d’une petite communauté urbaine du Nord de la France, dans son cadre local (n’y parle-t-on pas de Marchiennes ?). Enfin, pour les Orchésiens, c’est un document émouvant car il nous "parle" de la vie et des préoccupations de nos aïeux.



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