22 mai 1793 : le commandant d’Orchies est guillotiné à Paris
Dans le cadre du programme d’Histoire 4ème : "La Révolution Française (1789-1799) et l’épopée de Napoléon (1799-1815)"
mercredi 15 décembre 2021
par
M.BAERT
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C’est une fin tragique que celle du général de brigade Miaczynski, commandant de la place d’Orchies en 1793 face à l’invasion des Autrichiens. Ayant participé à la victoire de Jemmapes en 1792, sous le commandement du général Dumouriez, il est accusé l’année suivante de servir son chef dans un complot contre la République. Pourtant, dans les Archives parlementaires, on trouve trace d’un don patriotique qu’il avait fait à la Convention nationale, le 1er décembre 1792, comme témoignage de son patriotisme. Arrêté, il est envoyé à Paris, jugé par le Tribunal révolutionnaire (où siège le terrible Fouquier-Tinville, dont le portrait est ici à droite) puis exécuté le 22 mai 1793.
Le nom du général Miaczynski figure, aujourd’hui, sur les murs de la Conciergerie, dans la liste des guillotinés à Paris. Rappel des principaux faits historiques ci-dessous : Portrait du commandant de l’armée du Nord Dumouriez ; sa victoire à Jemmapes face aux Autrichiens (06/11/1792) ; l’entrée des Français dans Bruxelles (12/11/1792) ; l’arrestation des envoyés de la Convention par Dumouriez à Saint-Amand (01/04/1793) ; la trahison et la fuite du général Dumouriez à l’étranger (06/04/1793). Cliquez sur les images pour les agrandir.
Cette monographie en 4 parties, imprimée à Paris fin 1793, est l’oeuvre du citoyen François-Barnabé Tisset. On reconnaît, dans la formulation du texte, les expressions de l’époque révolutionnaire. Ainsi, l’imprimerie se dénomme "Calculateur Patriote, au corps sans tête". Cet ouvrage populaire a été édité par les libraires Petit, Denné et la citoyenne Toubon. Rappelons que le sans-culotte est un homme du peuple, gardien armé de la Révolution, ainsi appelé car il porte un pantalon (source : BNF).
Le général Miaczynski, né à Varsovie, est un gentilhomme polonais, devenu Français, ayant embrassé la cause révolutionnaire. Il fut décrété d’arrestation par la Convention le 04 avril 1793, arrêté à Lille puis transféré à la prison de la Conciergerie à Paris. Il est ensuite jugé pour trahison par l’accusateur public du Tribunal Révolutionnaire de Paris, Fouquier-Tinville (1746-1795), homme de loi et révolutionnaire français, devenu célèbre par la suite pour avoir condamné Charlotte Corday, Marie-Antoinette, Hébert, Danton, ...
L’accusé, "maréchal de camp à l’armée d’occupation de la Belgique", reconnaît son amitié envers l’ex-commandant en chef de l’Armée du Nord, Charles-François Périer dit Dumouriez (1739-1823), mais proclame son innocence quant aux faits qui lui sont reprochés (bien que portant sur lui une lettre compromettante lors de son arrestation). Précisons que les 4 commissaires de la République, arrêtés puis livrés aux Autrichiens avec le général Beurnonville, seront échangés 30 mois plus tard contre la fille de Louis XVI, Marie-Thérèse de France.
Au terme d’un sursis à l’exécution de 3 jours (durant lequel il aurait dénoncé le député Pétion), l’ex-commandant d’Orchies est guillotiné. On remarque les diffamations de l’auteur du livre envers l’accusé. Sont-ce là les prémices de la Terreur révolutionnaire ? Ce qui est certain, c’est que la trahison de Dumouriez contribua à entraîner la chute des députés Girondins, un tournant dans la Révolution... Dans Le Bulletin du Tribunal révolutionnaire (1793, n°40, p° 109), il est précisé, à propos de Miaczynski, que : "L’exécuteur a montré sa tête au peuple" (source BNF). Ajoutons qu’il est l’un des premiers généraux à connaître la guillotine sous la République naissante.