25 août 1861 : un ouvrier d’Orchies s’envole en ballon

Dans le cadre du programme d’histoire 4ème : "Société, culture et politique dans la France du XIXe siècle"
mardi 3 mars 2020
par  M.BAERT
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MAIS QUI ETAIT DONC CE DEMORY, SCIEUR DE LONG A ORCHIES ? PNG - 938.9 ko

Aux archives départementales de Lille, dans les registres de l’Etat-civil consultables en ligne (www.archivesdepartementales.cg59.fr) on retrouve la trace d’un certain Alexis Joseph Demory, scieur de long ; né le 23/01/1817, originaire d’Orchies ; marié en secondes noces à Rosalie Delannoy en 1846, dont il eut 14 enfants. Précisons qu’ils ne savaient pas signer l’acte, donc ils étaient sans doute analphabètes. On retrouve leurs traces en 1880 à Somain, sur l’acte de décès de l’un de leurs enfants (Alexis Gaspard) ; ouvrier mineur, écrasé par un train à Escaudain. Ils sont alors à 63 et 58 ans, toujours scieurs de long, à Somain.

Le ’Mémorial de Lille’ (journal bonapartiste apparu en 1857) rapporte en ces termes une ascension aérostatique opérée à Orchies par un ouvrier :

"Le sieur Démory, ouvrier scieur de long à Orchies, amputé d’une jambe, dont nous avons déjà parlé il y a deux mois (...) au sujet d’une ascension aérostatique manquée, par des causes, qu’il eût été indiscutable d’attribuer à l’inexpérience, a pris dimanche, en place publique et gratuitement, une éclatante revanche.

Démory avait fait apposer, il y a huit jours, des affiches annonçant sa deuxième expérience, et il y avait l’heure dite, cinq heures après-midi, une foule immense sur la place où se gonflait l’aérostat, au moyen du gaz hydrogène, par les soins de M. Démory lui-même, assisté de ses camarades tout aussi inexpérimentés que lui, sauf peut-être un employé des contributions indirectes qui les aida de ses connaissances en chimie avec un zèle des plus louables. Mais l’opération qui, dans le principe, allait fort bien, s’était arrêtée, soit par la mauvaise qualité des ingrédients employés, soit par l’insuffisance des moyens de production. Le ballon n’était pas au tiers empli, et il y avait lieu de craindre une seconde fois la non réussite de l’ascension."

"Démory fit alors préparer la nacelle et jura qu’il partirait quand même, dut-il se pendre à son ballon, s’il pouvait l’enlever.

Il se passa alors une scène des plus émouvantes. Au cri traditionnel : ’lâchez tout !’, l’aérostat s’éleva de cinq ou six mètres ; mais, ne pouvant enlever la charge, il faillit s’accrocher au toit d’une maison en jetant Démory contre la façade. Après avoir été retiré de ce mauvais état, l’aéronaute, ramené sur la place, décrocha la nacelle, mit une planche sur le cerceau qui le surmontait, pour l’assujettir, s’y assit tant bien que mal et fit de nouveau tout lâcher.

Il s’enleva ; mais à peine à quatre ou cinq mètres de hauteur, la planche bascula, et Démory fit au milieu des cordages une pirouette à la suite de laquelle il resta suspendu la tête en bas ; la planche sur laquelle il avait été assis tomba ainsi que son chapeau."

"L’aérostat s’élevait toujours. Il y eut un moment de stupeur indicible ; tout le monde croyait Démory perdu et s’attendait à le voir précipité sur le pavé, quand, par un effort de poignets incroyable, il fit une espèce de cabriole et parvint à se hisser à cheval sur le cerceau, où il se maintint on ne sait comment. Alors, avec le plus grand sang-froid, on le vit saluer de la main, jusqu’à ce qu’on le perdit de vue, à peu près à une hauteur de quatre à cinq cent mètres.

La descente s’opéra sans accident, à quatre kilomètres d’Orchies, et Démory fut ramené par ses camarades, qui lui firent dans la ville une ovation bien méritée."
(source : Journal "La Presse" du 26/08/1861, conservé à la B.N.F.)



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